Le Báb — Héraut de Bahá’u’lláh et Porte ouvrant sur sa mission

Cette présentation sur la mission du Báb, créée à l’occasion du bicentenaire de sa naissance, comprend une brève description de sa vie et de ses enseignements, ainsi que de son rôle en tant que héraut de Bahá’u’lláh. Elle comprend une brève sélection des écrits du Báb.

Pour plus d’informations sur cette période, consultez la section Célébrations du bicentenaire de Bahai.ca.

Héraut de Bahá’u’lláh et Porte ouvrant sur sa mission

L’année 2019 marque le bicentenaire de la naissance du Báb, l’un des deux fondateurs de la foi bahá’íe. L’anniversaire du bicentenaire de sa naissance tombe deux ans après le bicentenaire de la naissance de Bahá’u’lláh, célébré dans le monde entier en octobre 2017.

Ces deux célébrations sont intimement liées. La vie et le message du Báb étaient centrés sur l’apparition imminente d’un autre messager divin : Bahá’u’lláh. Chaque année, les anniversaires de la naissance du Báb et de celle de Bahá’u’lláh sont observés comme des jours saints jumeaux, puisqu’ils se succédaient à un jour près selon le calendrier en usage en Perse à l’époque. Leurs anniversaires sont célébrés les 29 et 30 octobre 2019.


La vie et les enseignements du Báb marquent un tournant dans l’histoire de l’humanité. Né Siyyid Ali-Muhammad en 1819, il prit le nom de Báb, qui signifie « la Porte » en arabe. Sa mission publique, de 1844 à 1850, a représenté une révolution spirituelle qui a bouleversé l’ordre social, politique et religieux qui prévalait en Perse, ouvrant la porte à la nouvelle vision unifiante de Bahá’u’lláh.

Le Báb était un messager de Dieu dans la succession d’éducateurs divins venus au cours des siècles, incluant Abraham, Krishna, Zoroastre, Moïse, Bouddha, Jésus et Muhammad. Le Báb est apparu à un moment de l’histoire où les cultures et les peuples du monde se rapprochaient comme jamais auparavant. Le XIX e siècle a connu une série de changements dans les domaines économique, politique, scientifique et culturel si profonds qu’un éminent historien l’a qualifié de siècle de « transformation du monde » 1.

Alors qu’il n’avait que 25 ans, le Báb annonça la fin d’une époque religieuse et le début d’une autre. Il inaugura une religion indépendante avec ses propres lois et textes sacrés, dont le Bayán persan. En peu de temps, il attira des milliers de disciples parmi les Perses. Sa mission publique, qui n’a duré que six courtes années, fut lourde de conséquences.

La mission du Báb

Les enseignements du Báb exigeaient une pureté de cœur et un comportement qui transcendent les simples paroles et croyances. Il a guidé ses disciples vers un exigeant mode de vie collective de prière, de méditation, d’autodiscipline et de solidarité. Il a écrit :

Purifiez vos cœurs des désirs terrestres, et parez-vous des vertus angéliques. […] Suppliez le Seigneur votre Dieu de vous accorder sa faveur afin qu’aucune affection humaine, aucun projet éphémère, ne ternisse la pureté ou ne change en amertume la douceur de cette grâce dont vous êtes pénétrés2.

La plus acceptable des prières est celle qui est offerte avec la spiritualité et le rayonnement les plus extrêmes; sa prolongation n’a pas été et n’est pas aimée de Dieu. Plus la prière est détachée et pure, plus elle est acceptable en présence de Dieu3.

Ces paroles fournissent un aperçu de la nature des normes et de la vision du Báb. Ses enseignements confirment l’importance de la science et font l’éloge des développements culturels et scientifiques en Occident, dans la mesure où ils évitent le matérialisme extrême. Il a élevé le statut social des femmes, puissamment représenté par l’un de ses principaux disciples, Táhirih, qu’on a appelé « le chef de file de l’émancipation des femmes d’Orient »4. Le Báb a rejeté l’animosité existant entre les religions et a parlé de l’unité future du genre humain répondant ainsi aux rêves et idéaux des philosophes, poètes et prophètes divins des siècles passés.

Le Báb a appelé l’humanité à adopter une nouvelle vision à la mesure des forces et des pouvoirs libérés dans la société par la science et l’industrie, et des changements dans les systèmes politiques et économiques. Ses enseignements comprenaient des concepts sur la nature du destin de l’humanité sur terre qui répondaient aux espoirs et aux aspirations de ceux qui ont reconnu le XIX e siècle comme le début d’une « ère moderne 5 » avec son esprit et sa dynamique propres.

Bien qu’initialement considéré comme un réformateur religieux, le Báb a clairement indiqué que sa religion était indépendante de l’islam et de ses lois. La ferveur parmi les disciples du Báb devint si remarquable que le Chah persan s’alarma de la propagation rapide de la nouvelle religion. Alors qu’un certain nombre d’éminents religieux musulmans acceptèrent le Báb, beaucoup d’autres le dénoncèrent, se joignant au gouvernement dans ses efforts pour détruire le dynamique et jeune mouvement bábi. Le Báb fut arrêté et transféré dans des prisons de plus en plus éloignées dans une tentative infructueuse de limiter son influence toujours croissante. Quatre ans à peine après le début de sa mission, le Báb fut appelé à Tabríz pour être interrogé par les autorités religieuses et politiques.

Le martyre du Báb

En 1850, le ministre en chef du Shah ordonna l’exécution du Báb. Le 9 juillet, dans la ville de Tabríz, le Báb fut suspendu au mur d’une caserne militaire avec un jeune disciple nommé Anís. Un premier groupe de 750 soldats déchargèrent leurs fusils, mais laissèrent le Báb et son compagnon indemnes. Comme le rapporta un câble diplomatique britannique : « Quand la fumée et la poussière se sont dissipées après la salve, [le] Báb avait disparu. […] Les balles avaient brisé les cordes par lesquelles il était attaché 6 . » Le Báb fut trouvé dans sa cellule, dictant ses dernières instructions à son secrétaire. Un deuxième régiment de soldats remplaça le premier, et exécuta ses ordres.

La vie dramatique et la personnalité du Báb étaient si incandescentes et héroïques que sa renommée a atteint le cœur de l’Europe dans les décennies qui ont suivi sa mort. Le critique littéraire français Jules Bois a rappelé l’influence continue de son histoire sur les grands écrivains européens du XIX e siècle :

Toute l’Europe a été agitée de pitié et d’indignation […]. Parmi les écrivains de ma génération, dans le Paris de 1890, le martyre du Báb était encore un sujet aussi actuel que les premières nouvelles de sa mort [en 1850]. Nous avons écrit des poèmes sur Lui. Sarah Bernhardt a sollicité Catulle Mendès pour une pièce de théâtre sur le thème de cette tragédie historique 7 .

Benjamin Jowett, directeur du Balliol College d’Oxford, a fait remarquer que la religion du Báb pourrait renfermer « la promesse de l’avenir », et pourrait ainsi se révéler, a-t-il dit à un ami, « le plus important mouvement religieux depuis la fondation du christianisme ». D’autres occidentaux, dont Léon Tolstoy, Edward Granville Browne, A.L.M. Nicolas, Ernest Renan, Matthew Arnold, et George Curzon, ont parlé et écrit de l’émouvante histoire du Báb dans les salons et les cafés d’Europe, jusque dans les années 1890 8 .

Héraut de Bahá’u’lláh

Par son titre et ses enseignements, le Báb a clairement indiqué qu’il n’était que la porte de la Révélation de Bahá’u’lláh, qui a suivi seulement 19 ans après que le Báb eut annoncé sa propre religion en 1844. Il a dit qu’Il était « l’humble précurseur » d’un personnage plus grand que Lui- même, écrivant : « Bienheureux celui […] qui fixe son regard sur l’ordre de Bahá’u’lláh et qui rend grâce à son seigneur » 9 .

‘Abdu’l-Bahá, fils de Bahá’u’lláh, comparera plus tard les révélations de ces deux figures centrales de la foi bahá’íe au soleil levant. « Le Báb, l’exalté », a-t-il écrit, « est le matin de la vérité, la splendeur dont la lumière brille dans toutes les régions ». Le lever du jour de la révélation de Báb fut rapidement suivi par l’apparition de Bahá’u’lláh, symbolisé par le soleil dans sa « position la plus élevée […] à la mi-été » 10 .

Même aujourd’hui quand les bahá’ís se rendent en pèlerinage au Centre mondial de leur foi, ils visitent d’abord le majestueux tombeau du Báb qui orne le mont Carmel en Terre sainte, puis se rendent une heure plus au nord pour prier au mausolée de Bahá’u’lláh.

Les écrits saints de la foi bahá’íe sont formés de l’ensemble des enseignements du Báb et de Bahá’u’lláh. Ils traitent du fait que l’humanité approche de sa maturité, que les peuples du monde traversent la période durant laquelle ils doivent quitter leur longue enfance collective, et leur tumultueuse adolescence, pour devenir une famille organique indissociable et atteindre l’aube de la maturité de l’humanité. Dans les Écritures de ces deux Manifestations de Dieu, nous voyons la vision et la promesse que le genre humain deviendra un, et qu’une civilisation mondiale, fondée sur la paix et la justice, la prospérité et le bien-être, sera établie.

Cela exigera une prise de conscience croissante de l’unité de l’humanité, afin de générer l’unité de pensée et l’action collective nécessaires pour relever les défis et surmonter les problèmes à venir. Pourtant, il ne fait aucun doute que le Báb, tout comme Bahá’u’lláh, prévoyait pour l’humanité un avenir plus glorieux que les sommets atteints par la civilisation jusqu’à ce jour, un avenir où le pouvoir de la raison et de l’imagination, de la créativité et de l’amour fleuriront.


Une sélection de textes du Báb

Qui, hormis Dieu, dissipe les difficultés ? Dis : Loué soit Dieu ! Il est Dieu ! Tous sont ses serviteurs et tous se soumettent à son commandement !

Le Báb, Sélection des Écrits du Báb


Détache-toi de tout sauf de Dieu, enrichis-toi en Dieu en te passant de tout autre que de Lui, et récite cette prière : Dis : Dieu suffit à toutes choses au-dessus de toutes choses et rien dans les cieux ni sur la terre ni dans ce qui se trouve entre les deux sauf Dieu, ton Seigneur, ne suffit. En vérité, Il est en Lui-même celui qui sait, celui qui soutient, l’Omnipotent.

Le Báb, Sélection des Écrits du Báb


Ô Seigneur ! En toi je cherche refuge et vers tous tes signes je dirige mon cœur.

Ô Seigneur ! En voyage ou chez moi, durant mes activités ou pendant mon travail, je place toute ma confiance en toi. Aussi, accorde-moi ton aide suffisante afin de me rendre indépendant de toutes choses, ô toi qui es sans pareil en ta miséricorde !

Accorde-moi ma part, ô Seigneur, comme il te plaît, et fais que je sois satisfait de tout ce que tu as ordonné pour moi. Tu détiens l’autorité absolue pour commander.

Le Báb, Sélection des Écrits du Báb


Il est préférable de guider une seule âme plutôt que de posséder tout ce qui se trouve sur la terre, car, tant que cette âme reste à l’ombre de l’Arbre de l’unité divine, elle bénéficiera, ainsi que celle qui l’a guidée, de la tendre miséricorde de Dieu, alors que la possession de biens terrestres cessera au moment de la mort.

Le Báb, Sélection des Écrits du Báb, extrait du Bayán persan

Notes de fin

  1. Jürgen Osterhammel. The Transformation of the World – A Global History of the Nineteenth Century, Princeton, Princeton University Press, 2014.
  2. Muhammad-i-Zarandi (Nabil-i-A’zam), La chronique de Nabil, Bruxelles, MEB, 1986, p. 83.
  3. Le Báb, Sélection des Écrits du Báb, Bruxelles MÉB, 1984, p. 72.
  4. Jules Bois cité dans : Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, Bruxelles MÉB, 1976, p. 73.
  5. Duncan Wu. William Hazlitt: The First Modern Man, Oxford, Oxford University Press, 2008.
  6. Sir Justin Sheil, envoyé extraordinaire de la reine Victoria et ministre plénipotentiaire à Téhéran, a écrit à Henry John Temple, 3e vicomte Palmerston, secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, le 22 juillet 1850, concernant l'exécution. La lettre se trouve sous sa forme originale sous la cote F.O. 60/152/88 dans les archives du Foreign Office au Public Records Office à Londres.
  7. The Bahá’í World, vol. 9, 1940-1944, 1945; réimpression de 1981, Wilmette, Bahá’í Publishing Trust, p. 588.
  8. Douglas Martin, The Mission of the Báb: Retrospective, 1844-1944, The Baha’i World 1994-5.
  9. Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, Bruxelles MÉB, 1976, p. 25.
  10. Shoghi Effendi, L’Ordre mondial de Bahá’ú’lláh, Bruxelles, MÉB, 1993, p. 121.